Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Moonlight's Cards

16 mai 2007

Deep Sky, la carte fraternelle

Healowa arpentait toutes les rues de Prontera dans une course folle. Une fois n’était pas coutume, sa fille avait profité d’un moment d’inattention pour s’éclipser. Déjà qu’elle avait fort à faire avec les disparitions subites de Deep Sea, voilà que Petite Peste commençait à tenir de son père.

Une violente détonation survint alors sans prévenir et la prêtresse savait alors vers où sa fille s’était enfuie. Très vite un amassement de personnes finit par se réunir vers le lieu de l’explosion et avec tous ces inconnus devant sa route, Healowa  ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait.

- Petite Peste ? hurla-t-elle en se retrouvant parmi la foule.

Mais les habitants de Prontera, fidèles à eux-mêmes, n’avaient que faire du désespoir d’une mère recherchant sa fille. Ils étaient bien plus occupés à satisfaire leur curiosité.
Elle avait beau demander poliment de leur céder le passage pour tenter de retrouver sa fille, elle se heurta à de l’indifférence totale.

Healowa tenta une minute de garder son calme. Une minute bien longue au bout de laquelle, elle finit par craquer :

- Pardonnez-moi mon Père, car je n’ai pas pêché en cette belle journée …

Elle esquissa un sourire malicieux.

- … mais je compte bien me rattraper !

Une fois sa « prière » effectuée, elle retroussa ses manches et changea brutalement de comportement avec les passants. Ce n’était plus avec des mots mais des coups qu’elle réussit finalement à se frayer un passage.

- Dégagez d’ici bande de porings !

Plus elle avançait, plus les coups furent distribués et finalement, elle aperçut sa fille aux premières loges, complètement absorbée par l’action qui se passait devant elle.

- Qu’est-ce que t’as encore fait pour déclencher cette explosion ? dit-elle calmement à sa fille (Le nombre de blessés derrière elle l’ayant finalement calmée)

Petite Peste écarquilla les yeux et se tourna vers sa « moman » :

- Haha ! Pour une fois, c’est pas moi, c’est encore Papa !

Healowa scruta devant elle pour distinguer ce qu’il se passait et finit par voir deux silhouettes lancées dans un combat ultra violent. Une sensation bizarre s’empara alors d’elle.

- C’est Papa qui se bat ?

La petite fille secoua vigoureusement la tête.

- Non ! Il se bat pas ! Il s’amuse … avec lui-même !

Healowa n’y comprenait rien et plus elle regarda en détail la bataille qui se déroulait devant elle, plus elle avait l’impression de voir double …

- Ma chérie, qu’est-ce que tu insinues par là ?

Petite Peste ne répondit pas, complètement concentrée sur un combat qui gagnait en intensité. Les deux adversaires utilisaient des mêmes techniques de combat, des mêmes armes et plus étrange encore, ils se ressemblaient beaucoup physiquement de loin !

- Oh maman, ils passent aux dagues !

Healowa s’intéressa de plus près au combat et vit effectivement les deux personnes jeter leur arc à terre et s’élancer l’une contre l’autre, une dague à la main. On aurait dit que ce combat avait été préparé à l’avance vu cette parfaite synchronisation dans les mouvements et les changements d’armes.

- C’est la technique de ton père !

Effectivement, plus le combat continuait, plus la prêtresse reconnaissait la façon de se battre de son stalker de mari. Mais ce maniement des armes était unique, pourquoi son opposant faisait de même ?

- Hihi, j’suis contente, Papa s’amuse beaucoup avec lui-même !

- Mais ma puce, tu n’as qu’un père ! Rune-Midgard est trop petit pour avoir la folie de faire vivre deux débiles comme lui !

- Deux papas, deux fois plus de cadeaux ! Tant pis si le monde en souffre hihi.

- Je ne comprends pas ce qu’il se passe …

Sous un énième impact, l’une des deux dagues fut projetée des mains d’un des combattants et frôla de peu le visage de Healowa. La coupe était pleine !

- Deep !!! cria-t-elle en faisant bouillir sa colère.

Instantanément, elle eut la surprise d’entendre deux réponses en même temps :

- Oui ?

La prêtresse se tourna alors vers sa petite fille et lui dit d’une voix froide :

- Ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’une personne se prend pour ton père. Mais je dois t’avouer ma chérie que l’imposteur de ton père fait fort : on dirait son portrait craché !

- Et c’est un problème ? tenta de comprendre Petite Peste.

- Je ne sais pas pourquoi ces deux-là rigolent mais l’un d’eux n’est ton père ma puce ! Et il ose se foutre de moi !

- Ah ?

- Dans mon métier, on m’a toujours dit que dans le doute, Dieu reconnaîtra les siens … Va dire à Papa à quel point je l’aime chérie : Asura reconnaîtra ton « vrai » père.

- T’y veux que je tape Papa ? Mais mais … Youpi !

La petite fille bouscula sa mère et entra rapidement en furie. Le temps de viser à peu près les deux combattants et son Asura fut déployé. Une immense onde de choc frappa violemment les deux adversaires : une nouvelle détonation eut lieu.

Un immense rideau de fumée fut provoqué et contre toute attente, les deux adversaires y surgirent dans les airs, nullement affectés. Mais cela, Healowa s’en doutait. Cette dernière s’élança alors vers eux et usa de sa technique secrète d’attaque.

Et là, les deux rivaux furent enfin séparés : l’un avait pu contré le coup de Healowa tandis que l’autre se l’était pris de plein fouet.

Proche de celui ayant arrêté son coup ultime, elle y reconnut en lui son mari de toujours de Deep Sea. Ce dernier se contenta d’hausser les épaules.

- Mais tu vas me dire ce qu’il se passe toi !

Le stalker se mit à éclater de rire en voyant sa femme se défouler lui en le frappant de toutes ses forces.

- Tu es vraiment ravissante ma femme aujourd’hui, souffla-t-il.

Petite Peste quant à elle avait laissé sa curiosité parler et s’était rapprochée de la personne qui était restée inconsciente depuis l’attaque de Healowa.

- Han ! Papa a rajeunit Maman !

Mais non, ce n’était possible, la personne qui était étalée au sol ne pouvait être qu’un vulgaire imposteur. Healowa flanqua un coup de coude dans le ventre de son mari avant de rejoindre sa fille.

- Mais c’est quoi cette histoire de fou qui nous arrive ?

Deep Sea réapparut furtivement derrière sa femme et répondit en souriant :

- Justement c’est la famille …

- T’as un fils caché ? T’as osé me tromper ? Mais je vais t’exploser !!!

- Mais non pas encore chérie … Par contre tu viens d’exploser mon petit frère …

Deep Sea s’approcha de son frère et tenta de le réveiller à coup de gifles. Hélas, le combo de l’Asura de sa fille et l’attaque fulgurante de sa femme avait eu raison de lui.

- T’as un frère maintenant ? s’étonna Healowa

- Y a bien la folle aux canards qui te fait office de sœur hein …

- Laisse tranquille Kiowa !

- Regarde ce que tu lui as fais avant de parler d’elle …

Petite Peste regarda amusée les échanges entre ses parents et comme pour suivre le bon exemple de son père, elle distribua à son tour quelques claques à son « oncle ». Sous les gifles devenues de véritables baffes, il finit par reprendre ses esprits.

- Oh tu vis encore Deep Sky ? murmura Deep Sea.

- Ouais … C’est qui ces folles ?

- Ma femme et ma fille. Je te félicite d’avoir survécu petite nature !

Deep Sky se releva et se rua vers son frère. Mais l’arrivée de gardes de la ville fut interruption. Avec un tel vacarme et les dégâts occasionnés, ils étaient venus rétablis l’ordre public. Mais lorsqu’ils aperçurent les frères côté à côte, ils sortirent directement leur armes :

- Les frères Deep ! On vous arrête !

- Parce qu’en plus il est recherché comme toi chéri ? demanda Healowa.

- Je lui montre le bon chemin, ironisa Deep Sea en croisant ses bras. Bon, faut qu’on rentre … Petite Peste ?

- OK ! hurla la petite fille en allant offrir un de ses précieux Asuras aux gardes.

Deep Sky était hors de lui entre son lynchage par deux filles, ne pas avoir mis K.O son frère et l’arrivée de ces gardes. Il sortit deux dagues et fonça droit sur son grand frère.

- Roh, rendors-toi …

Deep Sea l’assomma en le frappant à la nuque du tranchant de la main. Avant de le prendre sur son dos, il embrassa furtivement sa femme.



Un Asura retentit et une famille rentrait tranquillement chez elle …


Publicité
Publicité
27 décembre 2006

Noel de Sang (Second Part)

Si seulement les étoiles pouvaient tomber comme tout cette neige et effacer toute la lumière du ciel. Lust venait de perdre sa seule lumière. Depuis qu'elle avait pris la vie de Rhyn, non seulement elle n'avait pu se résoudre à quitter Prontera mais en plus, une grosse crise de manque venait à elle.

Regoûter au sang n'avait que réveiller son âme de vampire qu'elle reniait au plus profond d'elle. Devenue complètement morbide, elle avait même laissé le cadavre de son bien-aimé à ses côtés. Elle voulait dormir et se réveiller loin de ce cauchemar.

- Le monsieur, il dort ? demanda une voix de petite fille.

Lust contempla une frêle silhouette de ses yeux injectés de sang. Qu'est-ce qu'une gamine faisait dehors, sous ce froid un soir de Noel ?

- Il dort pour l'éternité ma petite, répondit-elle.

La fillette esquissa un large sourire et vint s'asseoir à côté de Lust, sans se méfier une seule fois du danger qu'elle présentait. Elle se trouvait dans une tenue déplorable et même son état de santé était au plus bas.

- Dis, tu aurais quelque chose à manger ? osa-t-elle demander d'une voix naïve.

Manger ? Si cette petite ne partait pas d'ici très vite, Lust se ferait un plaisir de lui ôter sa vie. La vampire montra les maisons éclairées devant elle :

- Chez toi, je suis sûre que tu auras de quoi te régaler. Retourne au chaud et laisse-moi ! répondit-elle d'un ton sec.

La gamine se leva et esquissa une fois de plus son sourire malicieux.

- Je n'ai pas de chez moi, ni de parents. Et j'ai froid et faim ...

Elle aurait dû partir. Lust l'attrapa par le cou et la souleva de quelques mètres du sol. Ses yeux étaient devenus plus sombres que jamais.

- Si je te demande de partir, pars. Qu'est-ce que j'en ai à faire que tu ne sois qu'une simple orpheline ? Je t'offre ta vie pour ce soir, maintenant file !

Lust jeta violemment la petite fille au sol et lui jeta un regard rempli de mépris.

- Pourquoi ne veux-tu pas m'aider ? implora cette dernière.

L'espace d'un instant, Lust ne comprit pas pourquoi elle n'avait pas peur, ni pourquoi elle ne pleurait pas. Cette gamine n'attendait plus rien de la vie.

- Tu sais, petite, dans la vie, ne t'attend jamais à qu'on vienne te donner ce que tu as besoin, il faudra toujours le prendre par toi-même !

La vampire tendit sa main à la petite fille. Sautillante de joie, celle-ci accepta. Toutes deux se tournèrent sur le cadavre de Rhyn.

- Le monsieur ne dort pas. Je l'ai tué, annonça Lust d'une voix froide.

- Tu ... avais besoin de lui et tu l'as pris ? essaya de comprendre la petite.

Lust se mit à frémir. Pourquoi elle ne la tuait pas elle aussi ?

- Je m'étais promis de sauver cet homme et aussi de ne plus jamais tuer de mortels. Et là, je n'arrive même pas à lui offrir une mort décente ...

Lust se retourna vers la petite et se mit à sa hauteur.

- Je ne suis pas quelqu'un de bien, soupira Lust.

La petite fille répondit par un clin d'oeil.

- J'ai même pas envie de savoir pourquoi tu as dû tuer le monsieur, mais regarde toutes ces maisons. Aucune ne m'a ouvert sa porte, aucune n'a voulu me faire partager ne serait-ce qu'un bout de leur nourriture. Ces gens-là qui s'amusent dedans, faisant la fête ... ils ne sont pas des personnes biens !

Lust resta perplexe.

- Si tu dis qu'ils ne me donneront jamais rien et que je dois leur prendre ... Dis-moi sincèrement, qu'est-ce que j'ai à perdre ? ajouta le petite fille vivement.

Plus aucune envie de meurtre, Lust ne voulait plus que ... aider cette petite. Malgré son jeune âge, la vampire voulait tenter une simple question :

- Si je te dis que pour survivre, je dois "voler" des vies. Si je te dis que je suis aussi en train de chasser ceux qui font comme moi, est-ce le bien ou le mal ?

La gamine fit mine de réfléchir avant de répondre tout naturellement :

- C'est mal ! Tu tues des personnes pour ta survie et tu en tues d'autres sous prétexte qu'ils font comme toi ! Toi, tu veux juste être la seule à voler des vies, c'est pas bien !

Lust éclata de rire.

- Et pourquoi c'est pas bien ?

- Parce que tes yeux ne disent pas ça ... Parce que je serais déjà morte sinon ... Parce que tu ne pleurerais pas de larmes de sang ...

- D'accord, ce n'est pas bien pour moi, mais pour les autres ?

- Les autres sont dedans, nous, nous sommes dehors. Personne viendrait se soucier de ce qu'il se passe la nuit dehors ! Mal ou bien, on n'a rien à perdre !!!

Ah Lust aimait bien cette petite ... Elle avança de quelques pas en direction des maisons, invitant la petite à la suivre.

- Ah au fait, je ne suis pas une simple meurtrière, mais une vampire, lâcha-t-elle froidement. Je m'appelle Lust.

- D'accord ! répondit la petite.

Cette révélation ne la choqua nullement, bien au contraire, elle souriait.

- Et quel nom mettre à ton visage ?

- Aucun, pour le moment ! J'en volerais un en route !

- On fera comme ça. Et pour Noel, quel serait ton voeu le plus cher ?

La petite fille se mit à courir jusqu'à une porte et avant de l'ouvrir de force, jeta un :

- Devenir comme toi !



25 décembre 2006

Noel de Sang

Juste te dire que j'aurais beau partager tes sentiments ... Juste te dire que je ne souhaitais que ton bonheur ... Juste te dire que je t'aimais ...

Lust sauta de toit en toit à vive allure. Si elle pouvait donner un nom à ses ailes qui lui permettaient d'avancer si vite, elle aurait choisit "la peur". Rattraper l'horizon était devenu une sorte de quête vitale. Non pas qu'elle craignait pour sa vie, mais bel et bien pour la "sienne".

La vampire ne fit pas attention à toutes ces fenêtres éclairées où l'on fêtait Noel avec grande joie, bien au chaud. Beaucoup espéraient de ce réveillon l'arrivée d'une multitude de cadeaux, mais son espoir à elle ne fut pas de recevoir un présent, mais de récupérer le sens de sa vie. Elle ne se pardonnerait jamais de ne plus voir son sourire avant le levé du soleil !

Je voulais les chasser pour me venger tout simplement. Et même si je n'ai jamais pu te le confier, je me bats aussi pour te protéger ...

Dans sa folle course, Lust perdit beaucoup confiance en elle quand elle vit que le reste de ses minutions tenait dans une seule poignée. Chaque balle comptait, tout comme chaque seconde. Sa vie n'était-elle donc que l'accomplissement d'une malédiction ?

Une lumière au loin se dégageait du sommet du Sanctuaire de Prontera. Des etincelles commencèrent à remplir le ciel sombre. Le rituel était sur le point de commencer.

Elle n'avait pas pu récupérer toutes ses forces et s'interdisait de prendre la vie d'une âme innocente pour se battre à fond. Même, elle n'aurait jamais eu le temps d'avoir le loisir de boire du sang bien frais.

Lust arretta sa course sur le toit d'une maison qui donnait sur le Sanctuaire. Et elle le vit. Allongé de façon inerte et entouré d'une multitude de bougies, il agonisait.

- Montre-toi Meyra ! hurla-t-elle de toutes ses forces.

Lust sauta sur le toit devant elle et s'empressa de dégager toutes les bougies à coup de grands coups de pied. Jamais ce rituel aurait lieu en sa présence.

Il ouvrait à peine les yeux ...

Je ne peux pas croire que je sois née pour t'aimer et morte pour te tuer ... Je ne peux pas laisser ce qui a été écrit se produire. Est-ce une défaite de souffrir ?

La vampire le tenait dans ses bras et resta horrifiée face à l'étendue de ses blessures. Elle n'avait rien sous la main pour le sauver.

Un éclair se déchaîna sur le toit du Sanctuaire. Le vent se leva et la tension de l'air devenait de plus en forte. Meyra n'avait pas tardé à se montrer.

Ce n'était qu'un jeu pour elle. En ce jour de réveillon, elle avait même pousser le sadisme à porter une tenue de Noel. Une cruelle vampire sous les traits d'une gentille fille habillée de rouge et blanc se tenait devant Lust, l'air souriant.

- A croire que ces humains sont persuadés qu'en ce jour on peut effacer tout ce qui passe dans la réalité. Mais regarde cette ville Lust ! Tu dois bien être la seule dans cet état. Allons nous amuser !

Meyra ouvrit grand ses bras au dessus de Prontera. Quel beau spectacle tous ces décors, toutes ces lumières, toutes ces personnes ... inoffensives.

- Nous avons l'embarras du choix Lust ! Viens faire la fête avec moi.

Lust serra très fort ses poings et sentit sa fureur grandir en elle. Plus que du dégoût à être vampire, c'était une véritable vague de colère qui remplissait son corps.

- Je te débarasse de celui-là. Plus rien ne t'attend dans ce monde de misérables. Redeviens la vampire que tu étais Lust ! Mettons Prontera à feu et ... à sang !!!

Lust tenta tout de même de garder son calme et se pencha sur la personne qu'elle tenait fermement dans ses bras. Des larmes s'échappèrent de son visage mélangeant la tristesse et la haine.

- Tu ... Tu m'entends Rhyn ? supplia Lust.

Rhyn gardait les yeux ouverts, mais n'arrivait pas à prononcer un seul mot. Son regard restait toujours celui d'une personne amoureuse, malgré la douleur que Lust lui infligeait indirectement.

- Pour Noel, je peux l'achever si tu veux Lust, ironisa Meyra.

Lust sortit une dague de sa ceinture et s'empressa de se blesser au poignet. Elle présenta sa blessure à Rhyn.

- C'est ma seule façon de te sauver, murmura-t-elle en sanglottant.

Rhyn refusa en fermant les yeux et détournant son visage d'elle. Il lui avait pourtant bien dit qu'il préférait mourir que ça ...

Quant à Meyra, elle ricanait dans son coin. Donner le sang d'une lignée pure, qui plus est éteinte, était un réel honneur pour un mortel. Et ce débile refusait alors que cela lui garantissait la vie ...

Tu m'avais dis un jour que tu serais prêt à mourir pour moi, une vampire. Je serais sûrement la personne qui causera ta perte.

Rhyn réunit ses dernières forces pour s'approcher de Lust. Il leva sa tête dans un ultime effort et lui murmura :

- Je me moque de ta promesse ... fais-le.

Lust ne réalisa pas ce qu'il venait de dire et pourtant, elle ne pouvait que subir le fait accompli.

Meyra sortir une longue lame glaciale de sa sacoche de Noel et s'avança vers Lust et Rhyn. Il était plus que temps qu'elles reprennent du service en tant que vampires en rompant ce dernier contact avec les mortels.

Mais Lust ne la laissa pas faire un pas de plus. Elle enfila rapidement une à une ses balles dans ses deux pistolets et les pointa en sa direction. Déterminée, elle venait de prendre sa décision, la plus cruelle de toutes sûrement.

- Voyons voyons Lust, tu ne penses pas pouvoir me battre dans ton état actuel ?

La vampire se leva. Elle répondit à sa dernière provocation par une pluie de balles d'argent. Ces dernières prenaient la forme d'étoiles filantes en quittant ses deux armes.

Meyra fut criblée de balles et sous l'impact, fut complètement éjectée du toit. Elle finit empalée sur l'un des crochets de la barrière qui entourait le Sanctuaire. Mais une telle attaque ne pouvait que ralentir Meyra. Maintenant que les hostilités furent lancées, c'était un véritable combat à mort qui se présentait.

J'aurais aimé te dire "Je t'aime" ou être capable de t'embrasser, mais je ne peux que te promettre que je ne tuerais plus jamais de mortels. Est-ce une preuve d'amour que d'aller contre sa nature ?

Les secondes comptèrent avant que Meyra reprenne ses esprits et Lust ne disposait d'aucune munitions à présent. Lust ferma un bon moment ses yeux avant de s'approcher dangereusement de Rhyn. Elle qui aurait tant aimé le sauver venait de finir par lui retirer sa dernière once de vitalité. Elle suça le sang de son bien aimé. La venue subite de sa mort procurait une force de plus en plus grande en Lust.

Minuit sonnait et dans toute la ville, on pouvait entendre des cris de "Joyeux Noel". Mais Lust n'attendit pas le douxième coup de cloche pour se précipiter sur Meyra.

De sombres larmes de sang coulaient du visage de Lust tandis qu'elle redevenait la vampire qu'elle était. Une véritable furie meurtrière qui lui fit déchiqueter le corps de Meyra. Cette dernière reprit à peine conscience qu'elle ne pouvait que subir l'assaut bestial de Lust. Jamais, non jamais elle aurait cru que Lust prendrait la vie de Rhyn ... comme une arme.

Assenée de coups de poing, d'enfoncement de dagues et meurtrie sur une série de plaquage au sol, Meyra devenait de plus en plus méconnaissable.

Lust la prit par le col et la traîna sur une centaine de mètres. Arrivée au niveau d'une rangée de lampes à huile qui surplombait une rue, elle s'empressa de les recueillir une à une et de déverser leur contenu sur Meyra. Elle ne répondait plus de rien.

Guidée par son envie de tuer, elle fracassa la première porte qui se présenta à elle. Ensanglantée, elle ne fit pas attention à une dizaine de personnes horrifiées par sa venue. Lust leur adressa un regard meurtrier, leur faisant bien comprendre qu'un seul geste pouvait signifier leur mort. Elle se dirigea au niveau de la cheminée et en sortit une longue bûche enflammée.

Direction Meyra où elle la déposa comme on pouvait déposer une fleur en guise de deuil. Meyra finit bien vite par devenir un très grand bûcher. Avant de partir, Lust s'assura de retrouver son épée et de lui planter dans le coeur.

Puis, sans prévenir, elle laissa Meyra agoniser en sautant par dessus le toit. Elle prit le corps de Rhyn dans ses bras et disparut dans la nuit ...

Deviendrais-je furieuse pour te sauver ou te venger ? Tu dis qu'avec toi j'aurais de quoi m'apaiser, mais tu es la raison même de ma colère. Ton baiser m'a juste fait comprendre que je suis et ne resterais ... qu'une vampire sanguinaire ...

Même si tu ne liras jamais ces mots, sache que je ... je t'aime Rhyn.

21 décembre 2006

Lust, la carte de sang

Lutie, une soirée de Décembre ...

Sur une colline, la jeune fille contemplait le spectacle des flocons dansants sans se lasser. Le regard vide et perdu sur l'immense neige qui se déposait à perte de vue, elle ne put s'empêcher de frémir. Non pas qu'elle souffrait d'un éventuel froid glacial, mais parce qu'elle avait remarqué au loin une personne qui lui était très familière.

Une boule de neige vint subitement s'écraser sur son chapeau auquel elle y était plus qu'attachée. Ah si seulement elle pouvait réagir comme une fille "normale" de son âge et répondre par une autre boule de neige.

- Iori, tu ne changeras jamais, dit-elle.

Iori se tenait aux côtés de la jeune fille en arborant un large sourire démoniaque. Elle esquissa un petit rire avant de pointer Lutie d'un doigt accusateur.

- Est-ce une si belle nuit pour colorer la neige de son sang ? demanda Iori.

Iori fit les cent pas, connaissant déjà la réponse. Certes, toutes deux étaient là pour une raison bien précise, mais face à toutes ces belles maisons, elle n'avait qu'une envie : les piller. Voler tous les biens de valeurs et comme elle le disait si bien "Et voler plus si affinités".

La jeune fille au chapeau avança de quelques pas, tendant sa main à la voleuse.

- Je n'ai pas envie qu'elle nous voit. Il nous faudra agir vite.

- Lust, tu sais ... On peut revenir quand elle sera partie, suggera la voleuse.

Lust ne répondit pas, chargeant minutieusement son fidèle pistolet avec des balles en argent. Une fois chargé, elle le serra de toute ses forces dans ses mains avant de répondre :

- Il ne faut pas que lui parte. Lutie sera sa tombe.

Les deux filles se regadèrent droit dans les yeux. Iori aurait aimé plus de temps pour "visiter" Lutie, mais elle comprenait la situation. Sous cette belle nuit, leur objectif était clair : retrouver et tuer cet homme sans se faire remarquer par elle.

Elles prirent leur élan et sautèrent en direction de la ville ... Deux ombres de mauvaise augure se dirigèrent droit vers la place centrale de la ville. Et quelle ne fut pas leur surprise de retrouver si facilement leur homme, déjà en action sur un pauvre jeune homme. Une nouvelle âme innocente de perdue, songea intérieurement Lust.

- Lui, il est à moi ! hurla Iori en s'armant de deux dagues en argent.

L'homme lâcha sa proie qui s'engouffra dans la neige, sans vie. Très amusé de faire face à deux gamines, il se réjouissait d'avance de se délecter d'un beau combat.

La voleuse était bien plus habile que pouvait le montrer son apparence. Combattre et voler n'était qu'un jeu pour elle. Et ironiquement, un jeu qui prenait son apogée qu'avec l'odeur du sang.

Lust faisait confiance à son amie, surtout que son adversaire se défendait mal, très mal. Ce n'était qu'une question de secondes ...

Avec une facilité déconcertante, Iori planta sa dague dans le coeur de l'homme qui disparut en un beau amas de cendre. C'était ... tout simplement "comique" pour la voleuse. Mais bien trop concentrée sur sa nette victoire, elle ne fit pas attention à l'arrivée de deux gardes qui apparurent dans son dos.

- Iori ! Décale-toi ! cria Lust.

A peine Iori eut le temps de sauter sur le côté que Lust sortit deux pistolets normaux et vida leur chargeur de façon à les faire reculer. Son but n'était pas de les tuer, juste les faire fuir.

Ce fut chose faite quand les deux gardes comprirent qu'une fille qui tirait aussi précisément qu'elle ne blaguait pas. Ils s'échappèrent dans la nuit. Et très vite, Lust rejoignit son amie qui se tenait aux côtés du cadavre laissé par leur homme.

- Pourquoi toujours arriver aussi tard ? demanda Lust.

Iori vida les poches du mort et se servit dans ce qui l'intéressait.

- On finira bien par agir plus vite, répondit la voleuse, mais en attendant, il ne fera plus de victime.

Lust entendit le délic d'un revolver pointé sur Iori. Par reflexe, elle se plaça devant son amie et sans avoir le temps de la prévenir, une balle se logea dans son bras. Aucun sang ne coulait de cette blessure.

- Il a encore fallu que tu fasses une victime Lust ?! murmura une voix au loin.

Une jeune femme s'approcha des deux amies et abaissa son arme.

- Nous venons de tuer celui qui lui a fait ça ! tenta de dire pour se défendre Lust.

Iori ne préférait pas intervenir pour sa part, elle s'ôtait le droit d'intervenir entre ... ces deux soeurs.

- Je t'avais recueillie comme étant ma petite soeur, tu m'entends ? Pourquoi continues-tu de traîner avec l'une de ces créatures ?

Iori se fit discrète.

- C'est cette "créature" qui a tué son agresseur, grande soeur. Et si tu dois insulter une fois de plus mon amie, pourquoi ne pas me traiter de la même façon ?

La jeune femme vida son chargeur dans la neige de façon à n'y laisser qu'une seule balle en argent dans le barillet. Quelques larmes s'échappèrent avant qu'elle ne tende son arme à Lust.

- Je n'ai pas le courage et je pense que je l'aurais jamais. Mais je ne peux pas vous laisser continuer d'agir. Lust, prend cette arme et choisis la bonne décision.

Lust contempla l'arme avant de la refuser violemment d'un geste de la main.

- Je maudis mon père d'avoir recueilli une fille d'une lignée éteinte. Si tu n'arrives pas à prendre le bon choix, tu sais ce qu'il se passera lors de notre prochaine rencontre.

Lust se tourna et emmena Iori à sa suite.

- Je sais grande soeur, l'une de nous deux y perdra la vie.

Elle continua d'avancer avant de se retourner une dernière fois et d'ajouter :

- Cette nuit-là, la lune deviendra écarlate si elle voit deux soeurs se comporter comme nous. Mais d'ici là, je te prouverais que malgré le fait que j'appartiens à cette même espèce, tu entendras parler de nous !

Iori et Lust laissèrent la jeune femme seule dans Lutie. Les deux filles savaient qu'elles allaient se risquer dans une dure quête, celle d'éradiquer les leurs. Mais c'était aussi le début d'une aventure, et peut-être de futures rencontres avec des personnes souhaitant devenir comme elles : chasseurs de vampires.

28 novembre 2006

Xelha, la carte de la malédiction (Partie 3)

(...) - Un véritable petit ange cet enfant, Xelha.
- Et sûrement mon plus beau don des cieux, Mère.
- Je suis sûre que ta fille sera aussi belle que toi. Quel nom donné à ce doux visage ?
- Son regard féerique m'a inspirée, elle se nommera ... Faerya. Et il faudra me croire quand je dis que je serais prête à mourir pour ne jamais voir ce regard se refermer. (...)


Syae effectua une longue chute en direction du sol. Une étoile déchue qui, perdant ses dernières pétales de sang, offrit à Chrno la vision d'horreur du plus sinistre des requiems. Meutri sur le sol, le corps du Professeur commençait à disparaître : la marque dans son dos n'était plus, la rose noire était fânée.

Le paladin réunit ses dernières forces pour empêcher Syae de partir dans le néant, alors que ce dernier se tordait de douleur. Il ne pouvait plus combattre, il ne pouvait plus aider Faerya. C'était maintenant que se déciderait le destin des Gypsys.

Le fouet de Faerya s'enroula autour de la faux de Xelha. Les deux armes neutralisées, le combat prenait une autre perspective dans la confrontation de leur deux regards. Mère contre fille, Gypsy contre Gypsy et toujours ce pouvoir dévastateur prêt à consumer leur âme.

En plein conscience de son nouveau pouvoir, Faerya se batterait sans répit, prenant exemple sur Chrno. Il ne fallait pas qu'elle fasse la moindre erreur. Quant à sa mère, ce n'était qu'un immense plaisir qui prenait naissance en elle. Sa fille se soumettrait aux cartes ou elle se ferait une joie de les lui prendre ainsi que son arme.

(...) - Tu sais Syae, ma fille a presque ton âge et j'espère bien qu'elle deviendra une personne aussi bien que toi.
- Cesse de me taquiner Xelha, je reste un mauvais garçon qui brise les coeurs des filles. Tu veux toujours que je rencontre Faerya ?
- Je ne sais pas si je dois te faire rentrer dans sa vie, mais ... s'il m'arrive un jour quelque chose, promet-moi de la protéger, d'accord ?
- Comme si l'on pouvait enlever de ce monde la magnifique mère que tu fais ... (...)

Xelha tira de toutes ses forces jusqu'à détacher sa faux. En la retournant dans tous les sens, elle effectua une fois de plus une triste et sombre symhonie stridente. Elle ne retiendrait aucun de ses coups. Son sourire maléfique se dessina sur son visage empli de haine. Xelha fonça droit sur Faerya.

Sa fille ne parvenait qu'à rejetter un à un ses assauts à l'aide de son fouet, mais ne trouvait aucune ouverture pour contre-attaquer. Restant sur la défense et hésitante à utiliser ne serait-ce qu'une de ses cartes, Faerya ne savait plus quoi faire. Etait-ce de la provocation de voir que Xelha n'usait pas des siennes ? Esperait-elle que sa fille finisse par céder à cette magie en demandant plus de puissance ?

"Une danse", songea-t-elle. La jeune fille se souvenait de la définition du mot "combat" que lui avait appris sa grand-mère. "Chaque pas, chaque position, chaque attaque, chaque contre, c'est de ta danse que dépendra l'issue du combat Faerya". Mais pour le moment, cela revenait à toujours rester sur la défensive, même si elle commençait à prévoir les attaques de la faux grâce à son son strident.

(...) - Tu ne comprends pas qu'il m'a utilisée, Mère ? Il s'est servit de mes sentiments dans le but d'avoir Faerya.
- Comment as-tu pû être aussi inconsciente de tomber amoureuse du chef des Ombres ? Tu connais cette guilde, tu sais ce qu'elle représente pour nous les Gypsys !!!
- Jamais je ne le laisserais faire, jamais il ne reverra sa fille ! Je le jure sur ma vie ! (...)

Faerya recula de quelques pas. Elle fallait qu'elle se concentre sur la mélodie irrégulière de la faux. Juste prévoir les déplacements de Xelha suffisament à l'avance pour attaquer. Juste prendre le dessus et ... libérer le pouvoir des cartes ! C'était risqué depuis qu'elle ne maîtrisait que depuis peu son pouvoir, mais les attaques de sa mère devinrent plus précises et plus dévastatrices.

Heureusement qu'elle avait Chrno. Sa présence, son regard ... c'était sa force, son courage. Même s'il tentait de ralentir la disparition de Syae, il serrait très fort son pendentif en murmurant. Pour qui priait-il ?

Faerya fit le vide en elle et attendit patiemment que sa mère vienne à elle. Sans réelle difficulté, elle évita sa faux. Un coup ... deux coups ... Au cinquième, elle savait qu'elle pourrait contre-attaquer, car Xelha disposerait alors d'un léger temps de latence. Trois coups ... quatre coups ... et cinq coups !

La jeune Gypsy sauta dans les airs de façon à se retrouver dans le dos de sa mère et libéra le pouvoir de la carte de la foudre. Mais bien peu confiante en elle, sa carte se retourna sur elle. Faerya reçut une légère décharge au niveau de l'épaule. De la fumée noire s'échappait de son corps, le serpent noir voulait ressortir prendre possession de son corps ...

(...) - Xelha, Syae, les Ombres sont aux portes de la ville. On n'a plus le choix, rejoignez le groupe de résistance et allez-y ! Ils ne doivent pas s'emparer de Faerya !
- Les repousser en attendant l'arrivée de l'armée du Roi, Maître ?
- Non Syae ... Les détruire, les éradiquer, ne pas leur laisser la chance de voir le regard de ma fille ! (...)

Xelha sortit une carte dans sa main, celles des flammes ardentes. Elle s'amusait à la bouger doucement dans les airs. Après un clin d'oeil en direction de sa fille, elle en libéra son pouvoir. Mais au lieu d'attaquer directement Faerya, les flammes recouvrirent la faux de Xelha. Aussi bonne soit la danse de Faerya, elle ne pouvait éviter une faux enflammée.

Regardant son épaule grièvement blessée, Faerya hésitait encore plus à user du pouvoir de ses cartes ...

- Je crois en toi, lança un Chrno derrière elle. N'oublie pas ce que je t'ai appris à l'entraînement !

"La peur est la véritable défaite", se remémora Faerya. Mais comment être calme devant une Xelha enragée et son pouvoir prêt à la soumettre dès la moindre faille. Son fouet pouvait contrer sa faux, mais sans ses cartes, Faerya finirait par perdre !

Xelha disparut dans les airs. Elle ré-apparut dans le dos de Faerya pour lui assener un coup de son arme enchantée. Heureusement, ce ne fut qu'avec une lègère brûlure que sa fille échappa à ce coup fatal.

Elle tendit son fouet devant elle et se résolut à ne plus se défendre. Tout donner en attaque, ne plus avoir peur, juste ... coire en elle !

(...) - Qu'as-tu fait Syae ? Pourquoi ?
- Elle pouvait le faire, Maître, je la connais !
- Tu aurais dû la tuer ! A partir du moment où elle se donne pleinement à son pouvoir, ce n'est plus ton amie, ce n'est plus ma fille, c'est une ennemie !
- C'était sa seule façon de l'empêcher d'approcher Faerya. Nest-ce pas vous qui disiez qu'on peut dépasser ses limites pour protéger la personne qu'on aime le plus sur cette terre ?
- Syae ... Aucune Gypsy ne peut fusionner avec son pouvoir, aucune tu comprends ! La magie issue de la cartomancie est trop importante !
- Elle allait le faire s'il n'était pas intervenu ...
- Mensonge ! (...)

Faerya matérialisa l'ensemble de ses cartes autour de ses poignets, tenant serré son fouet. Garder un minimum de concentration pour éviter de front les assauts de sa mère et libérer ses cartes et son fouet à la moindre occasion. Son corps ne tiendrait sûrement pas, mais elle avait une chance de la tuer. Oui, une chance de tuer sa mère.

L'impact entre les Gypsys provoqua une immense fissure sur le sol. Les deux filles furent projetées dans les airs. Le fouet de Faerya et la faux de Xelha se neutralisaient mutuellement. Plus d'évidence à ce sujet, juste les cartes pouvaient faire la différence.

Faerya contempla tendrement Chrno avant de regagner le sol. Elle se battait aussi pour lui. Sa décision était prise ...

Elle enfila autour de sa taille son fouet comme une ceinture et fit imploser chacune de ses cartes. Et dans sa folie, elle se permit même de sourire à sa mère.

- Tu veux ta fille ? Alors regarde !

Faerya ferma ses yeux et laissa volontairement le serpent noir ré-apparaître à elle. Sous le regard horrifié de Chrno, elle venait de faire sa plus grosse erreur : se donner entièrement à son pouvoir.

- Reprend-toi Faerya ! hurla-t-il.

C'était trop tard. Levant ses bras au ciel, elle résista sans rien dire aux éclairs qui surgirent du serpent noir.

(...) - Jamais je ne te le pardonnerais Syae, tu m'entends ?
- Si je n'ai pas pu te faire entendre raison, j'aurais au moins éliminer les Ombres, Xelha.
- Tu as tué celui que j'aimais et tu comptes en plus m'empêcher de récupérer ma fille ?
- Faerya ne fera jamais la même bêtise que toi, elle vivra sa vie comme elle le décidera. Le jour où tu la reverras, elle t'affrontera. Et tu verras alors ce dont est réellement capable une Gypsy !
- Je reviendrais la chercher à la tête des Ombres Syae ... Sans tes pleins pouvoirs, qui nous arrettera ?
- Ta fille. Elle réussira à ne faire qu'un avec son pouvoir. (...)

Quelque chose interpella Xelha. Pourquoi le serpent noir ne s'enroulait-il pas autour de Faerya ? Pourquoi au contraire, c'était justement sa fille qui semblait l'aspirer ?

A demi-consciente, Faerya finit dans d'atroces cris de douleur à absorber entièrement le serpent noir en elle. Jamais une simple humaine ne pouvait contenir autant d'énergie. Mais Faerya décidait d'en avoir davantage ! Xelha sentit un léger malaise quand elle réalisa que sa fille commençait aussi à aspirer une partie de son propre pouvoir.

Une immense masse d'énergie se dilua dans le corps de Faerya. Elle encaissait bien plus de pouvoir qu'elle ne pouvait en posséder. Bientôt, le serpent noir et l'âme de Faerya ne feraient plus qu'un.

Xelha ne pouvait pas laisser faire ça. Qu'importe que Faerya devienne une Ombre ou pas. Elle était devenue trop dangereuse ! Elle sortit la totalité de ses cartes qu'elle inséra dans sa faux. Plus le temps de jouer, il fallait qu'elle la tue avant qu'elle ne lui prenne sa puissance. C'était du suicide de se sacrifier dans le simple but de l'affaiblir.

Juste avant l'impact, Faerya ouvrit les yeux. La faux de Xelha se fissura brutalement. La jeune fille, dans une sorte de transe, déploya son fouet et le fit tournoyer devant elle. Des multitudes de cartes furent alors projetée du fouet comme des flèches. Et chacune d'elle se plantèrent sur le corps de Xelha. A peine entraient-elles en contact de ce corps qu'elles libérèrent leur pouvoir.

Faerya venait de rejeter tout ce qu'elle venait d'aborber sur sa mère. Toutes ses cartes, toute sa force, toute ... sa vie. Cette attaque du fouet avait pris la forme d'une éruption volcanique, comme si elle faisait jaillir en une fois le réel pouvoir des Gypsys.

Xelha et sa faux se désintégrèrent instantanément tandis que Faerya s'écroula au sol ...

A peine la chef des Ombres morte que le corps de Syae reprit consistance : la malédiction était levée. Chrno se précipita vers sa dulcinée, persuadé qu'à trop vouloir de pouvoir, elle avait fini par y perdre la vie.

Le paladin découvrit Faerya allongée, en train de pleurer. Des larmes de sang s'échappèrent de son regard féerique. Elle savait que plus jamais elle serait la même qu'avant. Elle savait qu'elle venait purement et simplement de se condamner en gardant en elle ce serpent noir pour l'éternité. Plus elle utiliserait son pouvoir, plus sa vie diminuerait. Il ne lui fallait plus combattre ... à ce niveau. Plus jamais !







Quelques temps plus tard ...

- Comment s'appellait ta grand-mère ? demanda Chrno penché sur le lit de Faerya tenant leur enfant.
- Syria, lança Syae qui s'approchait des deux amoureux. C'était le nom de mon Maître. Je préfère ne plus l'entendre à ce jour, elle est mort par ma faute.

Le paladin posa une main rassurante sur l'épaule de Syae. Un regard profond se forma dans ses yeux quand il déclara :

- Non Syae, elle vivra encore à travers nous, c'est le nom de notre fille.

Syria, fille de Faerya et de Chrno. Dernière descendante de cette lignée de Gypsy. L'histoire allait-elle se répéter ?




Publicité
Publicité
22 novembre 2006

Xelha, la carte de la malédiction (Partie 2)

Xelha contempla la personne qui venait de surgir des eaux. Satisfaction ? Colère ? Elle ne savait plus trop comment réagir face à l'arrivée de Syae. Une chose était tout de même sûre : il n'y aura pas de match nul cette fois-ci. Très vite, elle perdit son sourire de toujours, tourmentée entre sa haine insatiable et sa tristesse des dégats causés par ce maudit Professeur.

Une complicité très forte et solidaire transformée en une apocalypse de rivalité. Deux ans s'étaient écoulés depuis leur dernière confrontation. Un lourd fardeau de chaque camp avec son lot de déspesoir et de revanche.

Syae lévitait au dessus du lac et ne put s'empêcher de la regarder avec mépris. Cela ne devait pas se terminer comme ça. Le sens de leur vie n'était pas d'ôter celle de l'autre. Il serra très fort ses poings. Le Professeur avait une dernière chose à accomplir, et très probablement sa dernière action en ce monde.
Il laissa à Xelha son regard rempli de fureur avant de se téléporter.

Il ré-apparut instantanément devant Chrno qui tenait dans ses bras le corps de Faerya. C'était la première fois qu'il voyait son plus puissant disciple dans cet état. Une fois de plus, Syae regretta de ne pas être là, ou de toujours arrivé en retard. Il se trouva répugnant en songeant à tout le malheur qu'il causait autour de lui. Mais aujorud'hui, tout prendrait fin.

- Elle ... elle est morte ... murmura le Paladin brisé par les larmes.

Syae déposa une main rassurante sur son épaule. Il pouvait comprendre la douleur qu'il traversait, la même qu'il avait lui-même subit il y a deux ans. Malheureusement pour lui, la sienne était réelle ...

- Reprend-toi mon ami. Tu crois vraiment qu'on a traversé tous ces sacrifices pour en arriver là ? Elle n'est pas encore morte.

Mais tu es fou ? s'exclama intérieurement Chrno. Il la tenait, ELLE, sans vie, son corps devenu aussi froid que la plus cruelle des glaces. En regardant de plus près Syae et ses nombreux bandages posés partiellement sur son corps, il ne fit nul doute que son combat dans le Sanctuaire l'avait perturbé. Seul ce combat pouvait expliquer ces mots ... impossibles !

- Un jour, il faudra que tu apprennes à me faire confiance, dit Syae d'une voix très calme. Une véritable Gypsy issue de cette famille ne peut périr tant que son arme n'est pas détruite !

Chrno déposa doucement le corps de Faerya. Il la regardait, plongée dans son repos éternel. Un miracle pouvait se produire ?

- Néanmoins, l'arme d'une Gypsy, son véritable pouvoir, voudra toujours s'emparer de l'âme de son possesseur. Je te le demanderais une dernière fois Chrno, ne laisse plus le drame d'il y a deux ans se reproduire. Faerya DOIT vaincre ses cartes !

Très de bavardages, il savait que la patience de Xelha portait à ébulition. Il savait surtout qu'elle n'attendait que ce qu'il s'apprettait à faire : lui rendre sa fille.

Syae sortit de sa sacoche une boîte blanche. Elle aurait pu être normale si l'on ne faisait pas attention à un drôle de motif la parcourant. Un serpent noir l'entourait.

- Je te confie ma vie ... Faerya.

D'un geste de la malin il ouvrit la boîte qui était cachée dans le Sanctuaire et en sortit un très long fouet ainsi qu'une dizaine de cartes : exactement celles qui manquaient à la Gypsy. Dès l'ouverture, les anciennes cartes de Faerya se mirent toutes à se matérialiser et à scintiller.

Très vite, la totalite des cartes entamèrent un ballet au dessus du corps de Faerya. Tournant de plus en plus vite dans les airs, elles finirent par déverser des étincelles noires qui tombèrent sur le cadavre.

- Elle n'arrivait pas à contrôler une partie de son pouvoir, c'est trop dangereux de la livrer à sa totalité ! s'alarma dangereusement Chrno.

Syae ne répondit pas, attendant le moment où Faerya rouvrit par miracle enfin ses yeux. C'était comme si elle venait de se réveiller d'un très long sommeil. La seule différence notable qu'on pouvait observer fut la teinte sombre que prenait sa peau. Faerya et son arme se rencontraient enfin : c'était le début de leur pacte.

- Je te la confie, souffla Syae avant de lui tendre le fouet.

Le Professeur esquissa un dernier sourire et se téléporta de nouveau.

Syae et Xelha se tenaient l'un en face de l'autre. Il était temps d'arriver à la conclusion de leur confrontation. Un combat pour la vengeance mais aussi un combat dont l'enjeu n'était autre que Faerya. Les Anciens Ecrits avaient raison : Faerya était réellement la fille de la Destinée.

- Tu as tué celui que j'aimais, se mit à hurler Xelha.

Syae serra très fort son bandage autour de son poignet droit.

- Et tu oses prétendre encore t'y connaître en amour ?

Chrno resta comme admiratif au réveil de Faerya, mais s'inquiétait. Ce n'était pas comme si elle descendait du ciel tel un ange, mais plutôt comme si elle renaissant de ses cendres comme une démone. Faerya devait d'abord se battre contre elle-même avant d'affronter sa mère.

- J'ai mal ... J'ai mal, dit une voix faible qui sortit de ses lèvres devenues pourpres.

Chrno tenta alors d'user de ce qui lui restait en énergie pour tenter d'apaiser sa douleur. Il était très hésitant quant à la marche à suivre et ne savait pas quoi craindre le plus : le duel qui débutait devant lui ou la résurection de Faerya.

Heureusement, Faerya semblait être comme avant. Un peu désorientée, sans comprendre ce qu'elle faisait ici, sa tête se tourna vers sa mère et Syae.

- Il faut l'aider ! ajouta-t-elle.

Elle resta sans mots en voyant une barrière invisible se détruire autour du corps de Syae. A peine brisait-il les scellés imposés par Xelha que sa malédiction se réveilla. La marque de la rose noire fut redessinée avec le propre sang du Professeur. Avec ses pouvoirs libérés, il pouvait se donner à fond, transformant sa propre vie en sa plus puissante magie. Et comme l'avait prédit Xelha, il la perdrait progressivement, lorsque des pétales de sang se détacheraient de son dos. Pour Syae, cette rose fânée ne signifiait que le début de sa mort.

Plus habitué à son excès de magie qui s'échappait de son corps, il mit quelques temps avant de la stabiliser. Le temps jouant contre lui, Syae débuta de suite la plus terrible de ses attaques. Il se devait de retenir Xelha avant que Faerya n'ait une emprise totale sur sa magie.

Serrant très fort ses poings, il se concentra jusqu'à l'apparition de deux magnifiques et longues ailes bleues sur son corps. La magie céleste était très dure à utiliser, mais cela lui avait permis de tuer la plupart des Ombres. C'est avec elle qui aurait dû la tuer jadis ...

Contre toute attente, Xelha effectua la même posture, usa de la même magie. Seule la couleur de ses ailes différait. Des ailes moins belles, colorées en violet. En voyant ces deux combattants en action, on aurait pu croire à un duel entre un Séraphin et une Nephilim.

- La même technique ? s'étonna Faerya.

Chrno qui appliquait toujours sa magie pour la soigner répondit :

- Tu as devant toi les deux meilleurs élèves de ta grand-mère. Ce sont les deux dernières personnes du Royaume à connaître l'existence de la magie céleste.

Faerya matérialisa ses cartes autour de ses poignets. Dès qu'elle se sentirait un peu plus en forme, elle ne laisserait pas la rose noire aspirer la vie de Syae.

Xelha et Syae foncèrent en un même point. Un impact fit trembler le sol pour permettre à ce combat de débuter. Attaques physiques, attaques magiques, enchaînements et déplacement dans les airs : tout se succèdaient sans aucune pause. Les pétales de sang se libérèrent à chacune des attaques de Syae, ce qui fit rire de nouveau Xelha.

Une folie furieuse s'était emparé des deux. On ne pouvait lire que la haine dans leurs yeux, on ne pouvait être indifférent à une telle rage de vaincre.

De son côté, Faerya était fin prête. On lui avait dit ce qu'il passerait lorsqu'elle toucherait son fouet. Il était temps.

- Tu vas me manquer, dit-elle en déposant un baiser sur les lèvres de Chrno.

Le Paladin lui rendit avant de lui tendre le fouet. C'était l'heure du verdict.

Un immense brouillard noir apparut lorsqu'elle empoigna son arme. Cette fois-ci, ce n'était pas qu'un simple nuage difforme, mais un serpent noir très distinct qui dansait devant ses yeux. C'était son vrai pouvoir. Il s'entoura autour du corps de la Gypsy doucement, tandis que cette dernière fermait les yeux. Surtout ne pas céder, surtout ne pas se faire dépasser.

Syae s'écroula violemment sur le sol. Xelha était passée aux choses sérieuses en sortant enfin sa propre arme : une faux aussi longue qu'elle. Sa lame en contact du vent produisit une mélodie très stridente.

La moitié de la rose noire persistait sur le dos de Syae qui ne s'attendait pas à ce que le temps passe si vite. Il se reconcentra une fois de plus avant de repartir à l'assaut. Ce duel où s'acharnaient des anciens amis atteignait son climax.

Quant à Faerya, elle se retrouva enchaînée par ce serpent noir qui la torturait. Sa douleur grandissait de plus en plus et ses cris firent trembler Chrno qui se retrouva complètement figé.

- Dégage ... Va-t-en Chrno ! hurla-t-elle en serrant très fort son fouet.

Mais le paladin ne partirait pas, continuant de la soigner, de la soutenir ... de l'aimer.

- Je crois en toi Fae, répliqua-t-il.

Soudainement, le serpent noir implosa, libérant Faerya. Mais sa peau était complètement devenue ébène. Son pouvoir voulait sortir et elle ne le contrôlait plus. Son regard de flammes se jeta sur Chrno.

- Tu es plus forte que ça Faerya !

Il reçut d'une violence sans précédent un coup de fouet de sa chérie. Même si elle ne savait pas très bien viser encore, la moitié de son armure explosa sur le coup. Son bras fut totalement déchiquetté.

Serrant toujours son fouet et regardant Chrno qui la fixait, elle se figea.

- Je préfère mourir que de laisser une autre personne perdre la vie à cause de moi ! ordonna-t-elle à son arme.

Elle parvint avec beaucoup d'efforts à se tourner vers la scène du combat. Si elle devait diriger ce pouvoir, c'était contre sa mère. Mais il semblait être dépourvu d'agressivité contre cette cible. Pire encore, il la poussait à l'aider à tuer Syae.

Avec un effort surhumain, Chrno se releva et se rapprocha de Faerya en l'enlaçant tendrement. Si son corps pouvait servir de bouclier à Faerya pour qu'elle maîtrise son pouvoir, il n'hésiterait pas.

Les cartes de Faerya clignotèrent, nageant entre le néant et le réel : Faerya se battait intérieurement.

- J'y arrive pas ! dit-elle dans une douleur insurmontable.

Le serpent noir ré-apparut. Faerya cédait peu à peu.

Les dernières pétales de sang de Syae tremblèrent et se balançèrent au gré du vent : sa vie ne tenait qu'à un fil.

Xelha venait de le plaquer au sol et prit un malin plaisir à lui arracher ses ailes à l'aide de sa faux. Seule sa mort lente et douloureuse pouvait effacer toute la rancoeur que gardait son coeur.

Chrno fut violemment rejeté par ce serpent noir et n'était plus en état de résister. Cependant, il tenait fermement une carte dans sa main, dérobée avant sa chute.

- Tu crois vraiment que notre carte veut que tu te soumettes à elle ? implora-t-il comme une dernière volonté.

La carte de l'amour éternel scintilla de plus en plus, au point d'aveugler le Paladin et la Gypsy. Sa lumière fut tellement forte qu'elle n'eut aucun mal à faire évaporer le serpent noir.

Même si Faerya supportait mal ce pouvoir, elle avait pris un léger avantage.

- Disparais hors de moi !

Faerya fit apparaître la totalité de ses cartes devant elle et plus que déterminée, les balança une à une en direction de son fouet. Son arme absorba une à une ces cartes, faisant intensifier la lumière dégagée par la carte que tenait Chrno.

Très vite, tout son art de cartomancie fut absorbé par son fouet. Elle savait qu'elle ne pouvait contenir indefiniment ce serpent noir, mais c'était sa seule et unique chance.

Xelha aggripa Syae avant de le jeter dans les airs : elle lui ôterait sa vie quand il retombera, cet ange déchu. Sa faux puissamment armée, elle se réjouissait d'avance de l'issue du combat.


Mais entre Syae et Xelha se tenait maintenant Faerya ...

20 novembre 2006

Xelha, la carte de la malédiction (Partie 1)

- Faerya !!!

La voix de Chrno eut bien du mal à se faire entendre dans ce sifflement strident. Impuissant face à cet énorme nuage de fumée noire qui se formait autour d'elle, il ne pouvait que s'attendre au pire. Pourquoi insistait-elle autant à contrôler son pouvoir ?

Livrée à elle-même, Faerya s'efforçait de garder ses bras tendus devant elle malgré les multiples égratignures qui se déposèrent peu à peu sur sa peau. Elle n'abandonnerait pas. Déterminée à combattre la puissance de ses cartes, elle répondit à Chrno avec un sourire ...

Le nuage commença à se charger d'électricité brusquement, ajoutant à la douleur de la confrontation celle de petites décharges irrégulières. Chrno ne comprenait toujours pas pourquoi elle restait si obstinée. Cela ne faisait que 5 jours qu'elle apprenait à gérer les mystères de la cartomancie, mais elle n'en restait pas moins qu'une simple fille !

Contre toute attente, le nuage noir finit par se dissiper, totalement aspiré par les mains de Faerya. Cette dernière s'écroula au sol, exténuée par cet énième défi. Elle savait que ses cartes profiteraient de sa moindre faille pour s'emparer de son âme et la contrôler.

Chrno accourut vers elle, le regard désespéré : il vit sur son visage qu'elle ne comptait pas en rester là pour aujourd'hui. Mais à quoi bon continuer de s'entraîner alors qu'elle était de plus en plus fatiguée et donc de plus en plus vulnérable. Elle courrait au suicide.

- Ne m'oblige pas à te faire entendre raison par la force, murmura Chrno arrivé auprès d'elle.

Faerya se redressa en position assise, esquissant de nouveau un sourire avant de laisser son regard s'abattre sur le lac. Dire que ce qu'elle faisait n'était rien comparé à ce qu'il faisait lui ...

- Cinq journées se sont écoulées Chrno ... Cinq ! s'exclama-t-elle. Je suis encore trop faible et pas assez compétente pour manier ce fouet.

Elle porta un doigt accusateur en direction de la surface d'eau.

- Tu le savais toi que Syae s'entraînait au dessus de ce lac pour garder précieusement l'entrée de l'endroit où ma grand-mère a scellé cette arme maudite ? Tu veux que je m'arrette alors qu'il combat toujours dans ce Sanctuaire ?

Faerya se releva et s'effondra dans les bras de Chrno. Sa détermination à devenir plus forte n'était rien face à la tristesse qui la rongeait.

- A cause de moi tout ça ... dit-elle en sanglotant.

Chrno l'enlaça tendrement.

- Cette marque qu'il a dans le dos, cette malédiction, ce n'est pas de ta faute tu sais. Même si cela reste son plus grand regret, il n'a jamais eu assez de volonté de tuer Xelha, de tuer ta mère ...

Elle recula d'un pas, essuyant ses larmes. Sa voix gagna en assurance.

- Il a peut-être survécu à un combat contre ma mère, mais elle lui a scellé ses pouvoirs Chrno ! Je suis encore loin de son ancien niveau et encore moins du tien ! Je dois continuer.

Chrno sortit son épée de son fourreau et la planta au sol en signe de refus. Hors de question qu'il l'aide à se tuer à petit feu. Le repos faisait aussi partie de l'entraînement et ce n'est pas en se comparant à Syae pour se dépasser qu'elle progresserait vraiment.

- Très bien ... Je vais suivre ton avis Chrno. Laisse-moi juste tenter quelque chose.

Quelle entêtée celle-la, mais la voir ainsi faisait une grande partie de son charme. Et puis, cette image d'entraîneur trop moralisateur à son goût, il n'appréciait pas trop. Il se contenta d'acquiesser.

Une petite lueur bleuté contourna les yeux de Faerya tandis qu'elle se mettait à user une fois de plus de son nouvel art. Elle tendit sa main droite en l'ouvrant, tout en murmurant une petite incantation. Il fallait dire qu'avec le livre laissé par Syae, elle avait déjà bien assimilé les bases de la matérialisation de cartes. Tout était écrit dedans, sur leur symbole, la façon de s'en servir et évoquait même des cartes qu'elle ne connaissait pas ! Ce livre ne mentionnait pas comment soumettre ces cartes à elle toutefois ...

- La lecture des étoiles via une carte permet de prédire l'avenir, très cher. Voyons voir en ce qui te concerne !

Un petit rire malicieux s'échappa au moment où une carte prenait naissance dans sa main. Un air d'agréable surprise se dessina sur son visage lorsqu'elle vit la prédiction sur Chrno. Dans le fond, elle n'en espérait pas moins ...

- Alors magicienne de pacotille, je vais bientôt devenir riche ? ironisa Chrno.

Faerya laissa le vent emporter sa carte. Non, il ne la verrait pas, même si ... Même si elle se précipita sur lui pour lui en offrir un aperçu. Lorsque son visage frôla le sien et qu'elle déposa ses deux mains dessus, elle prit son temps avant de lui déposer un tendre baiser.

En bon paladin qui se respecte, Chrno aurait dû s'éloigner, sachant que le fait de s'entraîner ensemble pouvait tisser des liens. Mais il lui rendit avec beaucoup de grâce ce baiser. Moment de pur bonheur, béni par un zeste de sensualité, mais trop court malheureusement.

La carte abandonnée par Faerya se retrouva dans la main d'une ombre qui s'approchait du couple. A peine regardée, la carte disparut dans un bruyant crépitement de flammes, alertant la jeune fille et son paladin. Tous deux se retournèrent pour faire face à une ambiance bien plus que sombre. Passer du bonheur à l'horreur ne leur avait pris qu'une simple minute.

- La carte de l'amour éternel, souffla une voix inconnue.

Chrno reprit son arme rapidement et ordonna à Faerya de rester derrière lui. Rebelle comme toujours, elle préféra se poser à côté de lui, initiant déjà son pouvoir de cartomancie. Il ne pouvait y avoir de réaction plus directe que celle-ci quand on se retrouvait devant ce genre de personne.

Un sourire démoniaque articula le visage sombre de Xelha, tellement contente de retrouver sa fille.

- Je vois que Syae n'est pas là, une fois de plus. J'aurais beaucoup aimé commencer par ... cette vermine !

Faerya tendit ses deux bras vers le sol et incanta de nouveau le pouvoir des cartes. Une dizaine d'entre elles se mirent alors à apparaître et tourbillonner autour de ses deux poignets. Ce qui impressionna fortement sa mère.

- De surprise en surprise allons-nous. Voilà que ma fille est devenue Gypsy !

Xelha se contenta pour sa part de ne sortir qu'une simple carte, qu'elle pointa en direction de Faerya.

- Vois ce que peut faire le "véritable" pouvoir.

Cette simple carte lancée fut une attaque très rapide et précise. En même pas quelques secondes, Faerya se retrouva projetée sur un arbre, la moitié de ses cartes s'étant désintégrées. Xelha en prépara dès lors une seconde, mais fut vite interrompue par Chrno. Hors de question qu'elle ose une fois de plus la toucher !

Face à un paladin de reconnaissance mondiale et surtout armé d'une arme légendaire, Xelha n'eut pas d'autre choix que de transformer une de ses cartes en épée. Une Ombre de son rang ne se contentait pas de combattre qu'avec la cartomancie ...

Les deux adversaires se contemplèrent l'espace de quelques instants. Aucune envie de discuter tellement la tension était montée d'un cran. Tous deux s'élançèrent l'un sur l'autre avec cette même envie de tuer. Le bruit des lames s'entrechoquant réussit à permettre à Faerya de retrouver ses esprits. Même si elle se trouvait déjà au sol, le combat ne faisait que débuter.

Elle fut impressionnée par Chrno qui faisait jeu égal avec Xelha. Mieux encore, Chrno prenait de plus en plus un avantage sur son ennemie. Un combat de haut niveau où Faerya n'arriva pas toujours à suivre les mouvements. Inutile de les regarder, elle devait se relever pour lui en venir en aide ...

Chrno enchaîna des attaques de plus en plus violentes, de plus en plus précises. En aucun cas il ne laisserait du répit à Xelha. Tant qu'il arriverait à parer ses coups, il pouvait concentrer toute sa force pour lui porter des coups fatals. Le duel gagna en intensité lorsque les deux lames commencèrent à s'effriter.

Xelha était en situation de faiblesse, complètement mise en défense : c'est que ce Chrno méritait sa réputation. Comme pour le provoquer, elle garda néanmoins son sourire ancré sur son visage. Les épées s'entrechoquèrent, le combat gagna en intensité. Chrno ne lâcherait pas.

Avec un excellent jeu de jambes et une technique hors du commun, il prit un malin plaisir à creuser un écart entre leurs niveaux. Cette démonstration de force se finirait quand il la mettra au sol, songea-t-il intérieurement.

Xelha n'en pouvait plus de contenir autant d'assaut. Elle effectua un immense saut en retrait. Ce maudit paladin se défendait bien, trop bien.

- Je comprends mieux pourquoi on t'a banni d'Izlude avec cette force de démon que tu as en toi ! Je peux te faire rentrer chez les Ombres si tu veux.

Aucune réponse, juste une nouvelle position de combat : elle n'arrivera jamais à gagner du temps avec lui. Il s'élança tel un fauve sur sa proie pour en finir. Xelha exprima dès lors un sentiment de peur.

En un rien de temps, Chrno effectua sa botte secrète qui ne fit que réussir brillament. L'épée de Xelha voltigea dans les airs sous le coup. Sans crier gare, il lui adressa un regard chargé de colère avant de planter son épée droit sur son coeur. Pour rien au monde il ne laisserait la moindre chance à cette démone.

Un cri de douleur transperça le ciel. Chrno mit ses deux mains pour enfoncer sa lame au point de lui faire transpercer de part et d'autre le corps de sa rivale.

- Chrno !

A peine eut-il entendu la voix de Faerya que le paladin comprit ce qu'elle attendait de lui. Il abandonna son épée et se mit en retrait. Faerya s'était mise à courir et visa la lame avec une de ces cartes. Elle l'envoya sur sa cible et en délivra son pouvoir. Une grosse foudre frappa l'épée et fit redoubler d'intensité le cri de douleur de Xelha.

- Plus ... de puissance ! cria Faerya.

Vu qu'elle avait reussi sa première attaque élémentale, elle resta confiante et décida de récidiver en tirant cette fois-ci une dizaine de ces cartes. Sa furie était tellement à son paroxysme qu'elle n'entendit pas Chrno lui hurler d'arretter. Malheureusement, il était trop tard : dès la septième carte sortie, Faerya se retrouva de nouveau face au nuage noir. Bien plus gros et malfaisant qu'avant. Il commençait même à prendre la forme ... d'un serpent.

- Oh non, pas ça ! cria Chrno qui se fit enfin entendre.

Assoifée de vengeance, Faerya ne réalisa pas qu'elle commençait à reveiller tout le côté sombre de son pouvoir. Avec son niveau actuel, elle risquait de faire la même erreur que sa mère : céder à son pouvoir.

Chrno se jeta sur Faerya pour l'éloigner au plus vite de cette carte. Ce fut de justesse qu'il réussit et que ce nuage retourna au néant. Quant à Xelha, elle gisait allongée sur le sol ...

- Reste derrière-moi, dit d'une voix douce Chrno.

Le paladin s'approcha lentement de Xelha, priant pour que son attaque combinée à celle de Faerya soit couronnée de succès. Hélas, cette dernière se retrouva rapidement debout en secouant la poussière déposée sur sa tenue. Elle n'eut aucun mal à retirer l'épée de son corps ...

- Mais pourquoi empêches-tu ma fille de suivre son destin ? demanda-t-elle d'une voix froide.

Elle contempla l'arme de Chrno dans ses mains et sourit lorsqu'elle-ci commença à se désintégrer. Le sang de Xelha avait un immense pouvoir corrosif qui se débarassa facilement de cette épée.

Faerya s'était aussi relevée, persuadée qu'en persévérant, elle aurait une totale emprise sur son pouvoir. Et de nouveau, des cartes tourbillonèrent autour de ses poignets. Chrno mit une bras en barrière devant elle :

- Pas maintenant Faerya. Tu es trop fragile et sensible à ce pouvoir pour le moment.

Chrno empoigna son pendentif et se retrourna vers la Gypsy.

- Syae avait raison : ton pouvoir est immense. Mais pour cette fois-ci ne le réveille plus, je vais m'en occuper.

Il la contempla avec beaucoup de tendresse avant de reprendre le combat. Syae avait tort sur un point : il arriverait à la réduire à néant. Il arracha son pendentif de son coup et ferma son poing dessus. Une fine lumière s'y échappa et revêtit la forme d'une lame.

Chrno effectua quelques mouvements avec avant de se remettre en position de garde. Il comptait bien en finir avec son arme la plus ultime. Xelha se contentait de sourire, pour changer.

- Décidé à périr ? Ca sera donc toi le premier !

Il ne l'écouta pas. Il s'élança sur Xelha, déterminé à lui faire goûter de sa lumière divine. Au moment de l'impact, il ne réalisa pas que Xelha venait de ... s'évaporer. Même en se retournant dans tous les sens, il n'arriva plus à sentir la présence de son adversaire. Sa lame bien en main, il ne pouvait que guetter que Xelha réaparraisse pour en finir une fois pour toute.

Malheureusement, il ne fut pas aussi rapide qu'elle. Xelha réaparrut devant lui, un sourire de plus en plus en large sur elle. Elle le frappa du poing dans son ventre. Chrno cracha un flot de sang alors que ses yeux se posèrent sur son armure partiellement fissurée.

Mais ce ne fut qu'en voyant son ennemie avec des yeux horrifiés qu'il se retrouva devant pire situation. Xelha jonglait avec sa propre épée de lumière !

Très vite, elle fonça droit sur Chrno pour lui assener cette fois-ci un beau retourné du pied avant ... de disparaître de nouveau.

Le paladin désarmé puisa dans son courage pour se relever, mais ne retrouva toujours pas Xelha. Par reflexe, il se retourna vers Faerya voir si elle se portait bien. Et là, l'expression de Chrno se glaça.

Xelha était réapparue derrière Faerya et lui serrait très fort son cou avec son bras gauche. Elle adressa un coup d'oeil malicieux à Chrno avant d'user de sa nouvelle épée de lumière avec son autre bras.

De façon lente et cruelle, Chrno assista au spectacle horrifié d'une mère egorgeant sa fille. Il avait beau courir pour l'empêcher de continuer, il arriva cette fois-ci trop tard.

Xelha laissa tomber le corps sans vie de Faerya avant de faire imploser en un centaine d'éclats son épée de lumière. Chrno ne réalisa pas ce qui était en train de se produire ...

- J'ai menti, ironisa-t-elle, tu seras le second Chrno.

Les yeux de Chrno restèrent fixés sur Faerya. Rien ne pouvait lui faire détourner son regard, ni les paroles de Xelha ni l'apparition de cartes autour de ses poignets ... comme le faisait Faerya.


Son regard resta vide jusqu'au moment où il aperçut l'eau du lac s'agiter. Une immense colonne d'eau surgit de nulle part ...


10 novembre 2006

Kiowa, Canard Card ? (Partie 1)

- Ca n'a vraiment pas changé, murmura Deep Sea.

Les mêmes murs aux pierres effacées par le temps, la même atmosphère sinistre et surtout cette éternelle odeur de poisson pourri. Dire qu'il n'était censé ne plus revenir ici. Il finit par conclure qu'il était doté d'un mauvais karma et d'un côté ... il faisait rien pour arranger son cas.

- Allez avance minable ! hurla une voix très grave derrière lui.

Il esquissa un sourire en coin. Quelle honneur que le Colonel Dirk l'escorte en personne dans ses nouveaux appartements. Quant aux deux soldats armés qui se tenaient à ses côtés, ils gardèrent toujours ce regard impassible et rempli de haine. Un faux pas et la situation pouvait dégénérer.

- Oh, je vous ai manqué colonel pour tant de familiarité ? osa-t-il répondre.

Le colonel répondit d'une frappe violente dans son dos. Plus jamais il se ferait autant ridiculiser dans sa vie. D'un pas déterminé, il poussa le Stalker pour avancer plus vite et fit signe aux deux gardes de l'attraper. Ils étaient arrivés.

La vieille porte rouillée s'ouvrit pour dévoiler une petite pièce plongée dans la pénombre. Deep Sea ne connaissait pas cette cellule, mais apparemment, elle devait être bien plus sûre ... que les précédentes.

- Ne fais plus le malin avec moi, tu es dans la zone de haute sécurité ! hurla le colonel.

Le prisonnier ne répondit pas. Il avança tranquillement à l'intérieur de sa cage et se retourna pour tendre ses mains.

- Et mes mains ? demanda-t-il.

Un des deux gardes se rapprocha pour lui ôter ses liens, mais il fut stoppé par Dirk.

- On ne lui enlève rien. Je veux être sûr qu'il ne s'évade pas cette fois-ci !

Zut ... C'est qu'il devenait intelligent le bougre. Mais pour le moment, il y avait plus important : s'allonger dans ce lit moisi et se reposer avec cette rude journée. Une fois sur le lit, la porte se referma violemment. Le colonel Dirk donna quelques consignes et s'éloigna en saluant Deep Sea de la main.

Ce ne fut que quelques minutes après sa mise en détention qu'il réalisa qu'il allait avoir de gros problèmes. Il se releva rapidement et se précipita aux barreaux de sa petite lucarne.

- Rah ! lâcha-t-il de rage.

Il fit mine de réfléchir un temps avant de s'écrier :

- Mais ma femme va me tuer si je ne suis pas rentré ce soir !

Le Stalker sauta sur son lit. La prison était vraiment rien face aux saintes punitions de Healowa. Plaqué contre le mur, il se surprit alors à sifflotter un petit air sur sa situation actuelle :

- J'ai pas le temps ... Mon esprit ...

Il fut interrompu cette fois-ci par des gestes amples venant de la cellule voisine. On cherchait déjà à faire ami avec lui apparemment.

- Approche, fit une voix dans le noir.

C'était pas comme s'il avait mieux à faire ... Il se dirigea vers les barreaux le séparant de son compagnon de fortune.

- C'est vraiment ton jour de chance, je compte m'évader cette nuit, répondit le prisonnier d'une voix rassurante.

Deep Sea s'accroupit à côté de lui.

- C'est sympa pour toi, mais crois-moi, c'est assez délicat. Je pensais tout connaître de cette prison lors de ma dernière évasion, mais je dois avouer qu'ici on est mal partis. Cet endroit est vraiment grand et complexe, chuchotta Deep Sea.

Son voisin faillit exploser de rire, il semblait très sûr de son plan. Il prit les barreaux entre ses mains et alors que Deep Sea comptait retourner à son lit, il se mit à raconter son plan :

- Entre nous, c'est pas moi qui ai encore les mains attachées, et cela n'est pas mon seul avantage sur toi.

Il toussotta.

- Mon plan a été élaboré avant même que je vienne ici et tout est prêt pour cette nuit !

Le Stalker le regarda curieusement. Il n'avait rien à perdre à le laisser continuer de parler.

- Je me suis fais volontairement enfermé pour sauver mon frère des griffes de la mort ! Il doit se faire exécuter demain et je l'emmène avec moi ce soir, s'empressa d'ajouter l'inconnu.

- T'es vraiment pas net toi, conclua Deep Sea.

- Non mais attends ! Je sais comment ouvrir la porte de nos cellules !!!

- Ah ? Tu crois vraiment être le seul à faire ça ?

- Mon plan est parfait je te dis. Une fois sorti d'ici je peux rejoindre la sortie grâce à mon contact qui me guidera, une infirmière qui est ici et en moins d'une heure je serais dehors avec Jack !!!

C'en était trop. Le Stalker explosa de rire. Un gars qui se fait enfermé volontairement pour tenter d'en ressortir avec un plan foireux ?

- Juste deux questions l'ami, souffla Deep Sea.

- Tu veux savoir les détails de ce merveilleux plan ?

- Ton "infirmière" est brune, plutôt barraquée pour une fille et adore porter des tenues provocantes ? Ton fère c'est ... Jack le rouge ?

Son compagnon de cellule fut énormément surpris. Comme savait-il tout cela ?

- J'avoue être étonné. Tu savais déjà mon plan avant de venir ?

Deep Sea se releva et se mit à siffler d'une façon stridente en direction d'une silhouette tapie dans le noir, occupée à les surveiller au fond d'un couloir. Cette dernière s'avança vers eux.

- Je ne ferais pas dans le drame. Ton frère a été exécuté aujourd'hui pendant qu'on m'escortait ici. Je l'ai vu mort sur le peloton le brave gars ...

Le garde était arrivé à leur niveau. Une drôle de personne avec une perruque brune et ... une mini jupe !

- Tu m'avais déjà remarquée Deepounet ? annonça-t-il d'une voix précieuse.

- Salut l'infirmière ! s'exclama le Stalker tout en souriant à son ami de fortune.

- Tu en as mis du temps pour revenir voir ta chérie, mumura le garde.

Deep Sea se dirigea vers "elle" et lui tendit ses deux mains.

- Je passe juste voir si tu allais bien tu sais. Mais comprend-moi, ma femme va me tuer si elle me sait ici ! Et si tu détachais ces pauvres mains ?

Le garde hésita pendant que Deep Sea effectua son regard des plus langoureux. Reflexion faite, même détaché, il n'arriverait jamais à s'échapper tant qu'il serait là. Surveillance 24H/24. Il accepta la requête du Stalker en lui souriant.

- Un dernier service et je te dis un secret ? demanda Deep Sea.

Très curieux, le garde tandis l'oreille. Un drôle de spectacle se déroulait devant l'inconnu qui venait de tomber de très très haut.

- Des bonbons, c'est possible ?

- Oh coquin, tu te souviens que j'en garde toujours des roses sur moi ...

- Euh ... Oui oui.

Un bruit se fit entendre au fond du couloir. Le garde sortit rapidement des confiseries et les tendit à Deep Sea. Retournant à reculon vers sa place, il attendit le secret du charmant jeune homme.

- Merci toi. Mon secret ? Je vais m'évader ... devant toi cette fois-ci !

Le garde se mit à rire. Il adorait cet humour qui collait parfaitement à son charisme. Il disparut au fond du couloir ...

Très vite, Deep Sea se dirigea vers les barreaux de sa petite fenêtre et y accrocha un à un tous ses petits bonbons. Le tout sous le regard vide de son compagnon, encore sous le choc.

Une fois son bricolage fait, il retourna auprès de lui et tenta de le consoler. Il avait été très franc, mais c'était désespérant de le voir comme ça ...

- J'avais prévu de m'enfuir avec mon frère ... J'ai une carte sur moi me permettant de retrouver mon trésor ... des millions de zenys ...

- Une carte ? demanda le Stalker avec avidité.

- Tatouée sur mon dos oui. Mais je te préviens, il faut connaître le "truc" pour savoir la lire ! Seul nous deux savions, mais s'il est mort, qui pourra lire ce dos ?

Deep Sea craqua ses doigts. Le coup de la tristesse le faisait divaguer ou pas ? Etait-ce vrai ? Mais lorsqu'il le vit enlever son haut et voir une carte bizarre gravée sur sa peau, la réponse ne se fit pas attendre ...

- Hum ... Soyons frères ... d'armes ! proposa-t-il.

- Comme si on pouvait s'évader avec mon plan qui tombe à l'eau et ton "rituel" d'enfant ... On va rester ici à ...

Avant même qu'il puisse finir sa phrase, le sol se mit à trembler. Très vite, Deep Sea recula de quelques mètres et se protégea le visage.

- ASURA ! cira une voix d'enfant.

La moitié de la cellule de Deep Sea fut réduite à néant, avec une belle ouverture sur l'extérieur. Il se précipita dehors et souleva parmi les décombres une petite fille qui s'empiffrait de bonbons.

- Je n'avais que des roses sur moi, désolé ma puce.

- En tout cas ... J'ai gagné une fois de plus à "cache-cache" ! Mais tu étais vraiment bien placé là ! cria Petite Peste.

Père et fille s'évadèrent dans le rire sous les yeux affarés du garde qui donna l'alerte et surtout du frère desespéré qui n'avait jamais vu de sa vie un plan aussi ... réussi ! Quelle déprime : son frère mort, une fausse infirmière, son trésor loin de lui et ... le débile du jour qui s'évade !

- ASURA !

Le frère se retrouva au sol, sous une pluie de gravats. Deep Sea tenta bien que mal de le sortir de là tout en souriant au garde qui s'agitait au loin.

- Papa ! Papa ! Il jouait pas avec nous le mossieur !

Il finit par le tirer inconscient et le prit rapidement par dessus ses épaules.

- Oh mais lui, c'est pour un nouveau jeu !

- C'est quôa ?

- "Chasse au trésor", et cet homme là, c'est la carte.

- "Lacarte" ? Drôle de nom ... dit-elle en faisant une drôle de grimace.

- Je sais ...

Beaucoup de gardes foncèrent sur eux. Il fallait partir au plus loin.

- Euh ... Ne dis rien à maman ce soir, d'accord ?

- Veux jouer ! Veux jouer ! Veux jouer !

Deep Sea pouvait compter sur sa fille, au moins un temps. Il se mit à courir en portant "Lacarte" et demanda à sa fille de faire de même. Très très vite, ils finirent par disparaître à l'horizon.

La nuit commençait à tomber et les trois n'étaient pas encore rentrés. Mais au loin pouvait déjà se dessiner une silhouette qui se tenait les bras croisés.

- Tiens ... ca me dit quelque chose ... murmura Deep Sea.

Il s'attendait déjà à voir sa femme foncer sur lui en furie et là, il était franchement pas en état de se défendre. Mais contre attente, ce ne fut pas Healowa qui se tenait devant lui.

Une flèche vint se planter devant ses pieds, stoppant de suite sa course. La silhouette s'approcha à petit pas, tendant un immense arc et était accompagnée ... d'un canard !

- Papa ! Papa ! "Chasse au trésor" ou "Chasse à l'homme" notre nouveau jeu ?

- Euh ... Deux secondes chérie.

Il déposa le corps du prisonnier sur le sol et fit signe à sa fille de l'attendre. Le Stalker s'avança vers une personne qui semblait être une Sniper.

- Tu sais que tu me dis quelque chose toi ?

Seul le cri du canard affolé fit office de réponse. Pas bavarde pour un zeny cette fille.

- Ecoute, j'ai eu une journée dure : meurtre, vol, arrestation et évasion. Et j'ai promis de rentrer ce soir ... On peut régler ça demain ?

Une autre flèche fut lancée et effleura de très près son visage. Pas bavarde et dépourvue d'humour.

- Mais tu ressembles vraiment à quelqu'un que je connais, ajouta Deep Sea qui n'aimait pas le blanc dans la conversation.

- Toi ... commença à dire la jeune inconnue.

Deep Sea se mit en position de combat.

- TOI !!! cria une voix qui venait de derrière la Sniper.

Healowa était rentrée dans sa transe de furie et aucun obstacle l'empêcherait de boxer son mari ! La Grande Prêtresse manqua de tuer le canard sur la route et poussa violemment la Sniper au sol. Sa peau était brûlante et son regard de braise.

- DEEP !!! hurla-t-elle.

- Moi aussi je t'aime ma femme, tenta Deep Sea en vue d'apaiser sa colère.

La Sniper rammassa au loin son canard et après l'avoir caressé comme une peluche, envoya une pluie de flèches qui s'abbattit entre les deux amoureux. Healowa se retourna de rage :

- Comment oses-tu intervenir dans une dispute ? COMMENT ???!!!

La sniper arma de nouveau son arc.

- Dégage ... soeurette. Il est à moi.

Healowa se reprit un peu et observa de plus près la vilaine jolie fille.

- Kiowa ?




9 novembre 2006

Petite Peste ... The Asura Card !!!

Quel goût délicieux cette pomme ! Et une dégustation encore plus succulente en la voyant, une fois de plus, s'énerver ... Qu'est-ce qu'elle pouvait être jolie avec ses yeux d'étincelles et la couleur pourpre de colère de son visage !

- Où est-elle ? ordonna-t-elle.

Oh quel dommage, la pomme était bientôt finie ...

- Comment te dire ? Je ne sais pas !

Réponse précise ? Est-ce que le mensonge allait passer ?

Il se retourna vers le vendeur de fruits et s'assit sur son comptoir sans demander si cela gênait ou pas. C'était bien plus radieux de la voir s'enflammer en étant bien installé.

- Deep, je risque de ne plus répondre de moi ! Où est-elle ?

Le Stalker se tourna vers le vendeur, lui esquissant un sourire charmeur avant de prendre une nouvelle pomme.

- Tu devrais les essayer, elles sont très bonnes !

Healowa bouillonait de colère. Elle détestait quand il était comme ça ! Elle aurait pu même passer à l'action et tenter de réduire son mari à l'état de punching-ball. Tu parles d'un mari !

- Je ne veux pas te faire peur chérie, mais tu as des invités pour toi ... au loin ...

Deep Sea se mit à sifflotter en montrant  un groupe de quatre moines qui s'avançaient vers eux. Il faisait mine d'être dégoûté.

- C'est vraiment pas juste : ceux qui veulent ma tête se font de plus en plus rares alors que tes fans ne ratent aucune de tes sorties !

Healowa laissa son regard devenu noir fixé sur son mari. Comme si les moines du jour allaient lui faire oublier la raison de sa colère !

- Où est notre fille ?

Il croisa ses jambes par dessus le comptoir et jeta la pomme qu'il venait de finir.

- Tu n'en veux vraiment pas ?

Les moines arrivèrent à leur hauteur tandis qu'il disparut furtivement du comptoir. Quelques secondes plus tard, il était déjà derrière le vendeur en train de l'assommer. Il fallait bien qu'il fasse son crime du jour quand même ... Pendant qu'il vidait la caisse, Healowa s'était retournée et faisait face à ses "fans".

- Soeur Healowa, conformément au Sanctuaire ...

La grande prêtresse arretta de suite le moine qui avait entamé la discussion.

- Et blabla blabla, vous voulez me mettre aux arrêts ? Je connais la musique et vous tombez bien : j'ai vraiment envie de me défouler !

Healowa avait pris soin de déposer son sac au niveau du comptoir de fruits avant de s'élancer joyeusement dans la bagarre. Ce groupe lui servirait d'échauffement pour la "sainte" punition de son cher et tendre à suivre.

Une très rude bataille s'annonçait tandis que Deep Sea comptait une à une les pièces fraîchement volées. Tout à coup, il vit au loin une petite silhouette courir vers lui.

- Papa ! Papa ! Je l'ai !

La petite fille tenait fièrement un gros sachet dans ses mains en sautant dans les bras de son père.

- J'ai réussi ! Regarde !

Il jeta un rapide coup d'oeil avant de la féliciter. Il tendit à son tour la bourse qui traînait sur le comptoir.

- Voilà ton argent de poche ma puce. Tu l'as bien mérité.

Deep passa une main chaleureuse dans ses cheveux avant de la poser à côté de lui sur le comptoir.

- Et tu veux une pomme en regardant ta mère ? demanda-t-il avec gentilesse.

La petite fille regarda devant elle et remarqua sa mère. Quelle idée géniale de s'asseoir aux premières loges pour la voir se battre.

- Oui donne !

Père et fille regardèrent ainsi la mère distribuer des coups. Une vraie tornade qui commençait à faire de nombreux dégâts et attirait la foule à côté. Et lorsque Healowa aperçut sa fille aux côtés de son mari, sa colère redoubla d'intensité.

- Deep !!!

- Oui chérie, tu es belle !

Malheureusement, tellement aveuglée par la colère, elle ne fit pas attention à un coup de genoux habilement placé dans son ventre. Une garde baissée qui eut pour conséquence de faire jaillir un flot de sang de sa bouche. Elle avait oublié qu'elle gérait quatre adversaires en même temps.

Un gros silence. La pomme tomba des mains de la petite fille et très vite une bourrasque de vent prit naissance sur le comptoir. La tension était tellement forte que certains éclairs s'affichèrent au niveau de ses yeux. La petite fille était ... hors d'elle.

- Oh non Petite Peste ! Pas les yeux écarlates !

Elle n'était plus en état d'écouter son père. Elle se tenait debout et laissa peu à peu sa colère éclater.

- Personne ! Personne n'a le droit de frapper ma mère à part Papa !

Très vite elle s'élança d'un bond en direction des adversaires de sa mère. Deep Sea s'élança lui aussi : il connaissait très bien la furie de sa fille !

Petite Peste se retrouva devant le moine qui avait blessé sa mère et se mit à tourner sur elle tandis qu'une énorme masse d'energie spirituelle s'accumula sur son poing droit. L'action fut brève et précise.

- ASURA !

Une énorme déflagration eut lieu, entraînant avec elle les stands de commerce alentours et créant un immense nuage de fumée. L'impact fut tellement puissant que la petite fille se retrouva au milieu des quatre moines ... inconscients.

Sa mère se retrouva dans les bras de Deep Sea. Heureusement qu'il était intervenu à temps. Healowa ne fut pas horrifiée par la fureur de sa fille mais plutôt gênée que cette fureur ait réduit à néant une partie de ses vêtements. Elle se cacha rapidement sa poitrine quand elle se retrouva déposée au sol.

- Tu serais intervenu plutôt, elle n'aurai jamais été dans cet état !

Par réflexe, une claque vint s'échouer sur le visage de Deep Sea. Ce dernier ne répondit pas encore, tendant sa veste qu'elle prit violemment.

- Tu aurais dû les mettre au sol depuis longtemps ! Quelle honte que ta fille te sauve !

Healowa et Deep Sea se regardèrent fixement. Une dispute allait se produire. Pour y parer, ils prirent tous deux place de position de combat alors que leur fille se tenait entre eux deux.

- Veux taper ! Veux taper ! Veux taper !

Petite Peste tourna autour du couple pour trouver sur qui taper. Les mariés s'envoyèrent de gentilles joutes verbales pendant ce temps.

L'écran de fumée disparut peu à peu, laissant dévoiler une immense ombre de quelques mètres de haut. Un vrai collosse géant en sorti. Armé jusqu'aux dents et présentant une résistance sans faille, il montra un doigt accusateur sur Petite Peste.

- Il est temps de rendre ce que tu m'as volé, gamine ! dit-il d'une voix rauque.

Healowa "offrit" une droite sur son mari.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est qui lui ? C'est quoi qu'elle a prit ?

Elle se mit à enchaîner le Stalker de coups qui prit un malin plaisir à tous les esquiver. Pendant sa belle démonstration d'esquive, il sortit le colis que sa fille lui avait apporté.

- C'est un cadeau ça, pour toi ! Et ce gros pas beau, c'est pour nous !

Il jeta un clin d'oeil à sa fille. Une belle cible allait peut-être la calmer. Deep attrapa ensuite sa femme dans ses bras d'un geste rapide et lui déposa un tendre et long baiser. L'espace d'un instant, Healowa aurait pu se croire ailleurs, loin de toute colère. Elle aurait aimé faire durer ce moment mais une fois ses yeux ouverts, elle vit déjà son homme s'élancer sur le colosse.

Après une suite de déplacement furtif en direction de son ennemi, il finir par cesser sa course après l'avoir dépassé. Il lui jeta alors un sourire moqueur en tenant fièrement dans ses mains sa grosse hache et son bouclier clouté.

- Tu te sentiras plus léger mon vieux !

Par pure provocation, le Stalker prit une place assise. Le géant ne chercha pas à comprendre plus loin en se dirigeant vers lui et en craquant ses poings.

Petite Peste apparut sans crier gare entre eux deux. Très vite, elle aligna un coup de poing sur son visage avant d'ajuster un upercut d'une puissance inouïe. Le second coup le fit décoller du sol et elle le réceptionna gentiment d'un retourné du pied.

L'énorme masse s'écroula au sol, incapable de bouger.

- Merci Papa !

Petite Peste sauta sur le dos de son père et tous deux commençèrent à marcher, le temps de discuter. Loin derrière, Healowa eut l'agréable surprise de tomber sur une merveilleuse et bien trop rarissime tiare. Un bijou qu'elle convoitait depuis ... seulement hier !

- Ces deux-là ne changeront jamais, pensa-t-elle.

Mais le bonheur du moment s'effaça vite quand elle vit sa famille partir sans elle ! Ah ça non, ils allaient être punis pour cette journée !

- Waw ! Autant de pièces ? s'écria Petite Peste.

- Oh ce n'est rien, je t'en volerais encore en route. C'est un très bon travail que tu as accompli ma puce.

- T'es le plus fort Papa !

- Il faudrait quand même que tu songes à voir ce que tu feras de cet argent Petite Peste.

- Je ... Je vais acheter l'usine de jouets et de bonbons de Lutie !

Deep Sea s'arretta. Sa fille avait vraiment aucune notion de l'argent.

- Tant qu'à faire, autant investir dans un club de danseuses exotiques, ironisa-t-il.

- C'est quoi "danseuse exotique" ? demanda-t-elle avec beaucoup de malice.

Il se retourna et vit sa femme courir à toute vitesse sur eux.

- On reparlera quand tu seras grande, mais c'est mieux Lutie non ?

- OUI !

Les deux continuèrent leur course. Healowa s'était mise à ralentir : une belle blessure se trouvait au niveau de la hanche de son mari. Et le voir boîter légèrement lui fit comprendre qu'il s'était pris l'asura de leur fille de plein fouet. Et comment résister à son mari faisant à la fois son bonheur et celui de leur enfant ?
Elle passerait l'éponge cette fois-ci.

- Moman dépêche ! On va à Lutie !

La famille s'éloigna au coucher de soleil, laissant débris et décombres derrière elle.

Sur le toit d'une des rares maisons épargnées, une jeune femme les voyait partir de loin. Serrant très fort son canard contre elle, elle reconnut parfaitement la personne dont elle devait se venger à tout prix :

- Foi de Kiowa ... Il me le paiera !







25 septembre 2006

Syae, la carte céleste

Un léger tremblement de terre suffit à faire réveiller la jeune inconnue. Le rayon de soleil parcourant son visage lui fit bien comprendre qu'elle était encore en vie. Mais ses bandages et ses douleurs ne furent que le reflet que la triste réalité du moment : elle était loin d'être sortie indemne de cette terrible nuit.

Délicatement, elle se leva de son lit et observa les alentours. Une pièce inconnue. Même ses vêtements avaient été changés et la jeune fille éprouva une certaine gêne de ne plus rien se souvenir jusqu'à son réveil. Heureusement, voir son coffret, son bien le plus précieux au monde, sur sa table de chevet lui redonna le sourire. Elle le serra fort dans ses bras avant de sortir de la chambre.

Sur les deux portes présentes, elle choisit celle menant à l'extérieur, intriguée par le cause de ce séisme. Une vague de vent s'abbatit sur elle lorsqu'elle se retrouva dehors. Celle-ci venait tout droit d'un lac situé non loin d'elle.

Un lac qui était aussi agité qu'une mer en plein tempête. Le sol trembla encore. L'eau qui troubillonait finit par redevenir calme et paisible, laissant apparaître au milieu du lac une silhouette.

- Quelqu'un ... sur l'eau ? s'interroga-t-elle.

L'inconnue fit quelques pas vers le lac, fortement étonnée de voir une sorte d'aura bleue entourer une apparence humaine qui "flottait". Et tout d'un coup ... plus rien. Une vision qui s'effaçait tel un mirage.

- Je ne pensais pas te réveiller ... M'en voilà navré.

Elle sentit une présence dans son dos. Surprise, elle n'osa pas se retourner.

- Néanmoins, je reste étonné de ta capacité à te remettre de tes blessures si vite.

Elle sentit la personne la contourner. Un jeune homme se tenait devant elle. Un regard aussi limpide que l'océan, une tenue aussi légère que le vent et une voix aussi calme que rassurante.

- Comment te sens-tu, Faerya ?

Faerya n'avait pas non plus le souvenir de lui avoir dit son nom ...

- Qui ... Vous êtes qui vous ?

Il dégageait une aura très forte et même si l'on ne voyait aucune once d'hostilité en sa présence, il était ... impressionnant.

- On commence mal si tu me vouvoies ... Je suis Syae, un simple professeur qui t'a recueilli. Il faut dire que tu étais dans un piteux état.

La danseuse se méfiait tout de même. Comment faire confiance au premier venu ?

- Où suis-je ? Comment suis-je arrivée ici ? s'enflamma de dire Faerya.

Le professeur passa une main dans les cheveux décoiffés de Faerya. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- En sécurité. Enfin ... si l'on exclut le danger potentiel qu'offre Abyss Lake. Quant à ta venue ... Tu étais dans une porte dimensionnelle qui t'a emmenée ici. Il y a 3 jours.

Le sang de la danseuse ne fit qu'un tour. 3 jours sans aucun souvenir !

- Mon village ...

Syae posa ses deux mains sur les épaules de Faerya et la regarda fixement.

- J'ai l'habitude de charmer les jeunes filles en leur disant de jolies phrases. Je suis cependant au regret de t'annoncer qu'Elmekia est détruit, que tu es la seule survivante.

Faerya fit un bond en arrière.

- Comment sais-tu le nom de mon village ? Tu fais partie des Ombres ?

Ce à quoi Syae répondit en sortant un vieux parchemin de sa poche. Il l'ouvrit et le dévoila à la danseuse :

"Avis à la population de Rune-Midgard. Cette personne est activement recherchée par les autorités de Prontera, sous le sceau et l'ordre de sa majesté Tristan III. Une prime de trois millions de zenys est offerte pour sa capture, morte ou vive. Coupable d'holocauste sur le village de Elmekia, elle est considérée comme dangeureuse". Un dessin représentant parfaitement Faerya y était joint.

Elle laissa s'échapper quelques larmes. Son cauchemar continuait. Mais Syae semblait ne pas s'intéresser à une telle mise à prix.

- Je connaissais ta grand-mère Faerya.

Elle ferma ses yeux et s'aggripa au professeur. Jusqu'au bout on l'avait protégée.

- Je lui promis de veiller sur toi le jour où les Ombres viendraient te chercher. Il est temps pour moi d'honorer mes serments et qui sait ... me racheter.

La jeune fille serra ses poings au point d'enfoncer ses ongles dans son sang. Elle avait peut-être tout perdu mais elle avait gagné en une profonde et inébranlable détermination.

- Forte ... Je veux devenir forte ! Je t'en conjure, aide-moi ! Je n'y suis pour rien sur l'attaque d'Elmekia, je voulais les sauver !

Elle deserra ses mains pour en libérer des gouttes de sang.

- Et je serais là pour t'aider. Ta grand-mère t'a envoyé à moi et je compte exaucer sa dernière volonté.

- Je ne t'ai jamais vu à Elmekia et ma grand-mère m'a jamais parlé de toi. Pourquoi, pourquoi tout ce mystère autour de moi ? demanda Faerya d'une voix frébile.

Syae ne répondit pas. Faerya n'avait pas à savoir son passé, pas maintenant. L'heure était à sa préparation, il était temps de l'initier à sa vraie destinée.

- Je t'apprendrais l'art mystique et maudit des Gypsy, Faerya. Forte ? Tu le seras. Mais le plus dur ne sera pas d'acquérir ce pouvoir, mais de le contrôler.

Syae jetta un coup d'oeil au coffret que Faerya gardait sur elle.

- Ton combat le plus terrible se situe dans cette boîte. Tu n'es peut-être qu'une jeune fille innocente, mais sois prête à mourir à chaque instant en restant avec moi.

Mourrir ? Faerya aurait pu l'être des dizaines de fois. Elle ne comprenait pas encore les paroles de Syae, mais de toute évidence, il lui permetterait de devenir forte.

- Syae ?

Le professeur découvrit un regard empli de volonté de vaincre.

- Je suis déjà morte. Les Ombres m'ont tout volé et je compte bien les poursuivre, les traquer et les exterminer, même si cela doit me guider en enfer !!!

Un sourire en réponse, le message était passé. Il tendit ses deux bras en direction du coffret scellé. Sa voix calme devint de plus en plus inquiétante en parlant une langue froide. Deux anneaux de lumière quittèrent ses mains pour forcer l'ouverture de la boîte.

- Survis à cela. Survis à toi-même et je t'aiderais à te venger.

Sans prévenir, Syae disparut en un éclair, en laissant Faerya assister à l'ouverture du coffret.

- Syae ? Ou es-tu ?

Une lumière aveuglante surgit et s'envola en transperçant le ciel. Très intense et aussi chaude que la braise, elle délivra les scellés des cartes de la Destinée.

Une fumée prit le relais de cette lumière et se dissipa. La danseuse découvrit un coffret carbonisé et des cartes éparpillées. Sans se soucier, elle en prit une dans ses mains.

- Survivre à moi-même ?

Des éclairs noirs sortirent de cette carte et prirent la forme de chaînes qui enroulèrent l'intégralité de son bras droit. Faerya ressentit alors la plus grosse douleur qu'elle n'avait jamais ressenti jusque là. Le mal en elle ne faisait que grandir tandis qu'elle n'arrivait pas à se débarasser de cette simple carte.

- Syae !!!

Les chaînes forcèrent leur étreinte. Faerya sentit que son bras allait finir par s'arracher.

Un halo de lumière, une lame. Les chaînes furent brisées d'un coup d'épée habilement porté. La carte maudite et la danseuse furent éjectées du sol.

Faerya tomba dans les bras d'un homme en armure. La douleur n'était plus. Elle perdit connaissance.

- Sincèrement, tu y es allé trop fort. Elle n'est pas prête ! hurla l'homme qui venait de la sauver.

Syae ré-apparut, le regard vide.

- Penses-tu réellement Chrno que nos ennemis vont attendre qu'elle le soit ? C'est la dernière descendante de sa lignée ! Je t'ai toujours dis qu'un jour "elle" viendrait et que ce jour-là le temps nous serait précieux !

Chrno déposa délicatement la danseuse au sol, qui dormait tranquillement.

- Où est passé l'homme qui m'a sauvé ? Je ne te reconnais plus Syae !

Syae ramassa la carte qui avait mis Faerya dans cet état et la contempla.

- Crois-moi Chrno, j'ai déjà affronté le pouvoir de ces cartes. On ne peut les contrôler si facilement. Faerya doit y survivre si elle veut pouvoir se venger. J'ai déjà perdu sa mère ... je ne veux pas reproduire la même erreur.

Sans prévenir, Syae déclencha sa plus puissante foudre pour écarter Chrno de Faerya. Pour la première fois de sa vie, le croisé vit son ami ... en colère.

Le professeur déposa sa carte sur le corps de Faerya et menaça Chrno d'intervenir une fois de plus. Une fois le contact produit, les chaînes sombres déferlèrent sur le corps de la danseuse. Chrno assista alors à une scène qu'il n'aurait jamais cru possible ...

Syae venait d'attraper les chaînes et s'entoura de son aura bleue, plus puissante que jamais. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour forcer ces tenailles de fer à quitter la carte. Malgré le fait que Faerya fut inconsciente, elle continuait son combat. En effet, alors que les chaînes consumèrent les vêtements du professeur, elles n'avaient provoqué aucun dégat sur le corps de Faerya.

Chrno comprit son erreur. En interrompant le combat de Faerya, il venait de forcer Syae à ... libérer le pouvoir des cartes de la Destinée par lui-même. Les chaînes finirent par se briser et sous le choc, une grande partie des vêtements de Syae volèrent en éclat.

Faerya reprit connaissance. La première chose qu'elle vit ... un tatouage de la rose noire sur le dos du professeur...

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Moonlight's Cards
Publicité
Moonlight's Cards
Publicité